Weisshorn : côté brouillard

Le mois de juin est la période idéale pour planter ses courgettes. C'est aussi la saison où la neige colle le mieux aux faces majestueuses de nos Alpes.

Nous tentons donc un vieux rêve : la face est du Weisshorn.
Nicolas Gendre au sommet du Weisshorn, dans les Alpes suisses
Turtmanntal
Nous appelons cela une tentative, car il n'y a aucune garantie d'atteindre le sommet. Ce n'est jamais garanti à 100 %, et nous avons tendance à l'oublier. En 2023 dans les Alpes, on a la mauvaise impression que si on n'arrive pas au sommet du premier coup, c'est soit parce qu'on n'est pas parti avec les bonnes personnes, soit parce qu'on ne sait pas lire la météo, soit parce qu'on n'a pas bien digéré son ovosport. Il y a 30 ans, entre le matériel, les informations météo, les moyens de communication et la connaissance du terrain, le degré d'incertitude était beaucoup plus grand, tout comme le côté aventureux. C'est en résumé la théorie que Nicolas Gendre et moi-même formulons au moment de nous lancer à nouveau dans l'ascension, après un échec cuisant en 2021 à cause d'une tempête.
Nicolas Gendre avec son vélo dans le Turtmanntal en route vers le Weisshorn
Nos vélos électriques, qui n'existaient pas non plus il y a 30 ans, nous permettent de gagner 500 mètres de dénivelé sans trop griller nos propres batteries.
Arnaud Cottet dans le Turtmanntal, en route pour le Weisshorn. Glacier Optics
La route devient impraticable pour nos vélos, alors nous attachons nos skis sur le dos pour atteindre le glacier de Tourtemagne.
gaetan gaudissard au retour du Weisshorn avec ses lunettes de soleil marron Moiry



habitat partagé

À la montée, nous croisons par hasard Gaëtan Gaudissard avec ses lunettes de soleil Moiry brown. Alpiniste chevronné et skieur de pentes raides, il redescend du Weisshorn avec son compagnon de cordée Lucas Boissy. Ils sont venus tourner des images pour leur nouveau film. On ne sera pas les premiers à le skier en 2023 et ça nous est bien égal. Il nous annonce deux bonnes nouvelles: les conditions sont bonnes et on a pas besoin de prendre la tente avec: ils ont construit un igloo en guise de bivouac.



chambres d'hôtes

Après une longue et magnifique traversée, nous trouvons enfin notre bed & breakfast 5 étoiles niché dans le col du Bisjoch. Bonne nouvelle : l'igloo est confortable et nos hôtes nous ont même laissé des lauzes en guise d'oreillers. Mauvaise nouvelle : il neige. Nous faisons semblant de dormir un moment, puis nous partons à 1 heure du matin.

construction d'un igloo au col du bisjoch avant d'aller au sommet du weisshorn

Nous atteignons le bas de la face, la neige est humide et pas encore gelée. Nous prenons rapidement de l'altitude et la température baisse. L'enjeu est de trouver le bon passage dans la rimée qui permet ensuite d'accéder à la face. Le flair de Nico est utile et nous ne perdons pas beaucoup de temps. Nous sommes maintenant prêts pour une longue montée de 1100 mètres à 50 degrés, skis sur le dos. La face alterne entre mauvaise neige, glace, gobelets et brouillard, et nous croisons nos moufles pour être sûrs que ça se dégage une fois au sommet.

vers le weisshorn dans les alpes suisses


ombre et lumière

Finalement arrivés au sommet, c’est effectivement dégagé, mais seulement du côté ouest. Manque de chance, on skie la face est, remplie à ras bord de purée de pois. On reste en haut une demi-heure, le panorama côté ouest est hallucinant, l’ambiance également, bien qu'un peu stressante. L'autre flanc de la montagne reste bien emmitouflé dans son épais manteau de brouillard, on se décide à redescendre, prudemment. On a bien fait d'aiguiser nos carres. Finalement arrivés au sommet, c’est effectivement dégagé, mais seulement du côté ouest. Manque de chance, on skie la face est, remplie à ras bord de purée de pois. On reste en haut une demi-heure, le panorama côté ouest est hallucinant, l’ambiance également, bien qu'un peu stressante. L'autre flanc de la montagne reste bien emmitouflé dans son épais manteau de brouillard, on se décide à redescendre, prudemment. On a bien fait d'aiguiser nos carres.

arnaud cottet avec ses lunettes de soleil moiry glacier optics au sommet du weisshorn, 4506 mètres d'altitude

 

Photo ci-dessous : descente de la face est du Weisshorn 

Nicolas Gendre en train de descendre le Weisshorn en skiant sur de la neige de printemps

500 mètres plus bas, le ciel s’ouvre enfin et on déguste avec joie une neige revenue sur le bas de la face. On retraverse le glacier puis redécouvrons le monde végétal. La fatigue se fait ressentir sur l'itinéraire du retour. 24 heures plus tard, nous nous trouvons au point de départ. Malgré des conditions difficiles, la sortie fut magnifique, la bière est fraîche et les chips sont croustillants. Et à ce moment, c'est tout ce qui importe.

Bon été à tous,

Arnaud

Vidéo ci-dessous : retour sur 24 heures hors du temps.

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